La conception de ce matériel est basée sur l’idée suivante : l’enfant est un être actif dont l’intelligence se développe par une série de réactions, induites par des stimuli que l’on peut déterminer expérimentalement.
La fonction première de ce matériel n’est pas d’exercer l’adresse des enfants ni de leur transmettre des connaissances à travers ce qui constituerait un « usage correct ». Il s’agit plutôt d’une fonction d’assistance intérieure dans la construction de soi et le développement psychique. Pour remplir cette fonction formatrice, le matériel doit répondre aux besoins internes de l’enfant et donc être offert au bon moment (voir plus loin « les périodes sensibles ») et de façon non mécanique ni routinière.
Il possède en outre les qualités pédagogiques suivantes :
– il est « sensoriel », permettant à l’enfant d’exercer tous les sens dont il est doté naturellement, principalement le toucher et l’ouïe mais aussi l’odorat, le goût… L’enfant explore dans un premier temps de façon sensorielle et concrète chaque pièce du matériel pour en saisir progressivement la qualité abstraite (longueur, nombre par exemple). Vers 6/7 ans, il pourra alors se détacher du matériel, au moment où son intelligence passera du stade sensoriel et concret au stade de l’intelligence plus abstraite.
– il est bien organisé : pour que l’enfant se repère dans le choix de ce matériel, celui-ci progresse logiquement du plus simple au plus complexe.
– chaque pièce du matériel comporte une difficulté unique : celle que l’enfant doit découvrir et surmonter. Cet isolement de la difficulté permet une compréhension plus claire et plus solide.
– ce matériel est toujours conçu pour l’auto-éducation : le contrôle de l’erreur se trouve dans le matériel lui-même plutôt qu’auprès de l’adulte. « La possibilité de faire des progrès nécessite la liberté d’action et une trace à suivre, ainsi qu’un moyen de se rendre compte si l’on a, ou non, perdu cette trace. » L’enfant étant à même de contrôler seul le processus d’apprentissage, l’adulte n’est plus perçu comme un juge qui sanctionne. Par ailleurs, le contrôle de l’erreur dépend toujours de l’exercice, de la répétition et de la concentration.
– outre sa fonction dans le développement intellectuel et psychique, le matériel permet l’exercice physique et l’affinement des gestes.
– ce matériel n’emmène pas le petit enfant dans un monde imaginaire, il est pour lui une ouverture sur la réalité et l’aide à prendre pleinement conscience de son environnement : c’est pourquoi on utilise toujours des objets « vrais » dans une classe Montessori et non des jouets, qui n’y ont pas leur place. Pour rêver, imaginer ou créer, nous proposons d’autres types d’activités dans un lieu différent de l’école (atelier, salle de jeux).
– le matériel est souvent conçu pour une préparation indirecte à un futur apprentissage : écriture, mathématiques par exemple.